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Devenir sexologue : pourquoi une vraie formation est indispensable ?

15 sept. 2025

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes souhaitent se former à la sexologie ou à la sexothérapie, et c’est une excellente nouvelle : les besoins sont immenses, la parole se libère peu à peu, et la sexualité fait enfin l’objet d’un accompagnement professionnel et bienveillant. Mais cette dynamique positive s’accompagne aussi de dérives préoccupantes. Sur internet, fleurissent des offres de « formation en sexologie » sur quelques jours, parfois pour moins de 100 €. Trois jours pour devenir sexologue ? Le prix d’un week-end pour accompagner l’intimité des autres ? Il y a de quoi s’inquiéter.

Une profession non réglementée… mais pas sans responsabilité

En France, le titre de sexologue n’est pas protégé. N’importe qui peut donc s’en revendiquer. Cela ne signifie pas que n’importe qui devrait l’exercer. Accompagner une personne dans sa sexualité, c’est entrer dans une sphère d’une extrême sensibilité. On y parle de plaisir, de douleur, de traumatismes, de violence parfois. On y touche à l’intime, au corps, à l’histoire personnelle et souvent transgénérationnelle.


Ce n’est pas un terrain neutre. Ce n’est pas un jeu. Et ce n’est surtout pas un champ où l’on peut improviser.



Trois jours ne suffisent pas

Certaines formations promettent de vous transformer en « sexologue certifié·e » en 3 ou 4 jours, parfois même sans accompagnement humain. Ces formations sont souvent séduisantes : peu chères, accessibles à tou·tes, sans sélection. Mais que se passe-t-il ensuite ? Ces personnes vont recevoir, en consultation, d’autres êtres humains en détresse, en questionnement, parfois en état de vulnérabilité extrême.


Sauront-elles repérer un trauma sexuel refoulé ? Un trouble de l’attachement ? Une dissociation ? Un abus en cours ? Sauront-elles poser un cadre éthique, garder leur juste place, éviter de projeter leurs croyances sur l’autre ? Sauront-elles référer vers un·e professionnel·le de santé quand c’est nécessaire ? Trop souvent, la réponse est non.



La souffrance sexuelle n’est pas un symptôme banal

Dans un cabinet de sexothérapie, on ne parle pas simplement de pratiques sexuelles. On parle de solitude, de honte, de blessures, de maltraitances, d’addictions parfois. Derrière un « manque de libido », il peut y avoir une dépression. Derrière des troubles érectiles, un passé de violence ou de conditionnement toxique. Derrière des douleurs sexuelles, une mémoire corporelle traumatique.


Un·e sexologue bien formé·e ne se contente pas d’écouter : iel sait accueillir, analyser, contenir, orienter. Iel travaille en réseau, respecte une déontologie, se fait superviser. Et surtout, iel sait ce qu’iel ne sait pas – ce qui est l’une des bases de la sécurité.



Se former, c’est se respecter… et respecter l’autre

Choisir une formation sérieuse, solide, exigeante, ce n’est pas faire « durer le plaisir ». C’est prendre le temps de devenir un·e professionnel·le digne de confiance. Cela demande du temps, de l’investissement, de l’introspection, et parfois du doute. Mais c’est aussi ce qui construit une posture éthique, stable et sécurisante.


Dans un monde où la sexualité est encore traversée par tant de tabous, de violences et d’ignorance, il est vital que les accompagnant·es soient à la hauteur. Cela ne signifie pas être parfait·e. Cela signifie être formé·e, informé·e, soutenu·e.



Une invitation à l’exigence

Si vous sentez l’appel de ce métier, posez-vous les bonnes questions : suis-je prêt·e à investir du temps pour apprendre ? À me confronter à mes propres zones d’ombre ? À accueillir l’intimité d’autrui avec respect, sans me précipiter vers des solutions toutes faites ? À me remettre en question ?


Alors oui, la sexothérapie est un métier passionnant, humain, vibrant. Mais il mérite qu’on l’aborde avec sérieux, rigueur, et surtout une vraie conscience des responsabilités qu’il implique.


Parce qu’on ne joue pas avec l’intimité des autres. Parce que la souffrance sexuelle mérite mieux qu’un PowerPoint de 3 jours. Et parce que la profession gagnera toujours en légitimité quand elle sera portée par des praticien·nes engagé·es, formé·es et profondément respectueux·ses de leur mission.

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