
Faut-il avoir tout réglé dans sa vie sexuelle pour devenir sexothérapeute ?
1 nov. 2025
C’est une question que se posent énormément d’élèves en début de formation : « Suis-je légitime pour accompagner les autres si je n’ai pas tout réglé dans ma propre vie sexuelle ? »
Et derrière cette interrogation se cache souvent une peur : celle de ne pas être « assez bien », « pas guéri·e », « pas à la hauteur ». Pourtant, cette croyance est non seulement injuste, mais aussi fondamentalement erronée.
Personne n’a “tout réglé”
La sexualité, comme toute dimension humaine, est vivante, mouvante, influencée par les cycles, les relations, les blessures, les transformations personnelles. Aucun·e thérapeute — sexothérapeute ou non — n’a une vie parfaitement stable, fluide et épanouie à chaque instant. Et heureusement. Car c’est justement cette humanité-là qui permet de comprendre, d’accueillir et d’accompagner les autres avec sensibilité.
Croire qu’il faut tout avoir résolu pour aider, c’est confondre perfection et compétence.
L’expérience personnelle n’est pas un prérequis… mais une richesse
Il n’est pas nécessaire d’avoir traversé tous les troubles sexuels pour les accompagner. On peut parfaitement soutenir quelqu’un dans ses difficultés d’érection, de vaginisme ou de libido sans avoir vécu ces situations soi-même. Mais avoir exploré sa propre sexualité, s’être questionné·e, s’être confronté·e à ses blocages, à ses tabous, à ses désirs… est une richesse indéniable.
Non pas pour projeter ses réponses sur les autres, mais pour comprendre combien l’intimité peut être fragile, sensible, contradictoire. Cette conscience rend le·la sexothérapeute plus prudent·e, plus humble, plus respectueux·se.
L’important, c’est d’être en chemin
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir “tout réglé”, mais d’avoir engagé un vrai travail personnel. De connaître ses limites, ses zones sensibles, ses mécanismes de défense. De pouvoir repérer quand un sujet vient nous toucher trop fort. Et de s’appuyer, pour cela, sur une supervision régulière et une posture de travail sur soi.
Un·e bon·ne sexothérapeute ne prétend pas avoir toutes les réponses. Iel sait écouter, accueillir, contenir. Et surtout : iel sait faire la différence entre ce qui appartient à l’autre et ce qui résonne avec sa propre histoire.
La posture, bien plus que la perfection
Ce qui fait un·e bon·ne professionnel·le, ce n’est pas une sexualité “parfaite” — notion d’ailleurs totalement subjective —, mais une posture intérieure : capacité d’écoute, non-jugement, éthique, conscience de soi et du cadre. Être à l’aise avec les silences, les larmes, les résistances. Accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout contrôler. Et rester à sa juste place.
Cette posture, elle ne s’improvise pas. Elle se construit. Et elle n’est pas figée. Elle évolue au fil des accompagnements, des formations, de la supervision, et aussi de ce que nous vivons dans notre propre vie.
Une invitation à l’authenticité
Vouloir devenir sexothérapeute sans être « parfait·e » est non seulement légitime, mais profondément humain. C’est justement en étant un·e thérapeute conscient·e de ses zones d’ombre, de ses vulnérabilités et de ses limites qu’on devient crédible, touchant·e et sécurisant·e.
Alors non, vous n’avez pas besoin d’avoir coché toutes les cases d’une sexualité idéale pour accompagner les autres. Mais vous avez besoin de sincérité, de courage, de lucidité. Et de l’envie profonde de continuer à vous connaître, tout au long de votre chemin de thérapeute.
C’est cela, la vraie maturité professionnelle : être en chemin, et savoir l’habiter avec humilité.